Le passé de Rhyma

*Un brouhaha immense s’élevait alors que les immenses voiles des bateaux se gonflaient sous la poussée du vent. Sur chaque navire, des hommes s’affairaient à hisser ses gigantesques voiles de toiles blanches, qui s’étendaient alors comme des oiseaux prêts à prendre leur envol. Ses ailes blanches transportaient les navires sur les océans, sans relâche. Aujourd’hui encore, ses voiles accompagnaient de leur étendard, inspiraient la crainte sur les mers, une crainte mesurée en raison de l’image que la Marine souhaitait délivrait aux monde entier. Propagande, missions, discours. Tous les moyens à leur disposition avaient été utilisés pour recruter et élever de simples hommes et femmes au rang de soldats. Rhyma eut un soupir de dédain alors qu’elle fixait des yeux ses nouvelles recrues qui s’affairait à mettre un peu d’ordre sur le pont du bateau, tirant sur les cordes, se mettant au garde à vous devant un haut-gradé, ou et pire encore, regardant autour d’eux d’un air ahuri ne sachant que faire à part resté vautré comme des imbéciles. N’y tenant plus, la jeune femme, jusqu’alors les bras croisés sur la poitrine, héla celui qui, par sa nonchalance, perturbait le bon fonctionnement de l’équipage.*

- Toi là, oui toi l’imbécile heureux ! Bouge toi un peu les fesses. Ne m’oblige pas à le faire à ta place !

*La voix de Rhyma avait été si autoritaire que le pauvre homme ne put que se redresser dans un mouvement brusque et de se prendre les pieds dans une corde qui n’avait pas encore été rangé. Alors qu’il trébuchait sans avoir pu freiner sa chute, la jeune femme sentit une veine palpiter à son front et ses dents grincèrent sous l’effort alors qu’elle se retenait de ne pas lui crier, ou plutôt même de lui hurler dessus. L’effort bien qu’il sembla considérable, ne fut apparemment pas suffisant. Tel purent le juger les 3 hommes situés à l’avant poste du bateau, et qui avait regardé la scène dans son intégralité non sans un certain sourire. L’un deux, dont la large casquette dissimulé un cache-œil, se gratta la barbe qu’il avait au menton, l’air quelque peu intrigué. Il finit par se tourner vers l’un de ses compagnons, un sourire presque malicieux sur le visage.*

- Je ne savais pas ta fille si … impétueuse Charles.

*Le concerné se contenta de fermait les yeux avec un sourire alors que le troisième du groupe éclata de rire, les yeux toujours rivés sur la scène. De loin, les 3 hommes purent voir Rhyma qui s’était rapproché du pauvre homme encore à terre, brandissant un doigt accusateur sur lui tout en hurlant son inaptitude et son incapacité à servir la marine. Charles soupira alors que l’homme au cache-œil lui adressait un nouveau regard.*

- Elle n’était pas comme sa par le passé. De sa naissance et durant toute son éducation elle a toujours été une fille obéissante, travailleuse et disciplinée.
- Alors comment expliques-tu un tel comportement.
- Je n’en sais rien Razell. Mais quand j’y repense…

*Rhyma, les poings sur les hanches, regarda le soldat s’éloignait en courant, sous le regard de tous les autres. Elle pouvait sentir que leur sentiment à son égard était mitigé mais elle s’en moquait bien. Elle n’avait pas peur d’eux mais elle souhaitait ardemment que eux ai peur d’elle. Essayant de réguler sa respiration sur un rythme normale, elle sentit alors comme une ombre sur elle alors qu’un bras venait l’entourait par les épaules, pour l’attirer contre un torse puissant. Une forte odeur de cigarette lui emplit alors les narines, une odeur qu’elle eu vite fait de reconnaitre alors qu’elle sentait pour la seconde fois la colère s’emparait d’elle. Elle ne prit même pas la peine de lever les yeux vers le nouvel arrivant, gardant ses bras figés le long de son corps sans bouger d’un millimètre.*

- Ne sois pas aussi raide Riri, je pensais t’inviter dans ma cabine histoire qu’on s’amuse un peu.

*Des éclats de rires se firent entendre derrière la jeune femme et elle comprit, comme elle s’en était douté à peine était-il arrivé, que le garçon n’était pas venu seul. Les lèvres pincés, elle essaya de contenir l’accès de rage en elle qui ne demandait qu’à exploser et finit par se détacher de l’étreinte de son bras pour lui faire face avec un sourire quelque peu forcé.*

- Et à quels genres de loisirs fait tu allusion Karl ?
- Bah avec les autres on pensait que tu pourrais nous faire, je sais pas un petit strip-tease par exemple. Et pis d'autres choses encore si affinités...

*Rhyma tilta face à ses paroles mais évita de le montrer dans son attitude, et continua, un sourire aussi grand qu’une banane sur les lèvres, à faire bonne figure devant lui.*

- Mon très cher Karl, dit elle alors en séparant chaque syllabe à un point que sa en était presque provocant, si strip-tease signifie que tu voudrais que je couche dans ton lit, et bien je peux t’affirmer que je préfère mourir plutôt que de le faire avec un rat puant même pas capable de venir à bout de moi dans un combat à la loyal.
- Qu’est-ce que…
- 34 combats et 34 victoires je te rappelle. Alors évite de la ramener surtout si c’est pour en plus, venir m’affronter et te moquer de moi avec ta bande de putois juste derrière toi. Si c’est pour te donner l’illusion d’être ce grand chef que tu n’es pas, crois moi que c’est raté.
- Sale garce !!

*Cette fois-ci, la jeune femme ne se retint pas et face au poing que Karl brandit devant elle, elle se baissa tout en se décalant sur le côté pour l’éviter. Dans ce même mouvement, elle attrapa son bras, tira dessus tout en lui tournant le dos et le fit basculer en avant, le projetant de toute ses forces à plusieurs mètres d’elle, et ceux sans aucun effort apparent. Un sourire satisfait sur les lèvres, elle se tourna vers le reste du groupe mais cette fois-ci ont pu nettement voir sur son visage qu’elle ne plaisantait plus. Elle leva le bras, et son index tout comme son majeur tendu vers eux, bougèrent dans un même mouvement d’avant en arrière dans ce qui était clairement un geste de défi. Des hurlements retentirent alors que les nouvelles recrues observaient la scène avec des yeux ronds, tandis que les 3 responsables du navire laissaient chacun échappaient un soupir de résignation.*

- Charles, ta fille est vraiment effrayante.
- Ne m’en parles pas Léon. Je peux t’assurer qu’elle n’était pas comme sa par le passé.
- Alors comment l’expliques-tu ?

*Léon rabattit sa casquette tout en s’accoudant contre une rambarde, les yeux rivés sur la bagarre qui fessait rage en bas. Un nuage de fumée vint lui chatouillait les narines, alors qu’il constatait que Charles avait sorti sa pipe pour fumer.*

- Elle est la seule femme sur ce bateau. Et même parmi les nouvelles recrues, le pourcentage d’hommes excédait encore une fois la barre de 90%. Ce n’est pas nouveau pour toi puisque tu es actuellement son supérieur direct. Je trouve sa assez amusant de ta part le fait que tu me pose toi-même la question sur son attitude.

*Fronçant les sourcils, Léon réfléchit et l’expression de son visage s’illumina pour laissait place ensuite à une mine incrédule.*

- Attends tu ne vas pas me dire que simplement pour sa…
- Simplement sa n’est pas aussi simple pour elle. Essaye un peu de te mettre à sa place.
- Quand bien même…
- L’éducation de Rhyma a été des plus stricte mais au fond elle n’a que les fondamentaux. Et une fois que tu expérimente en vrai ce qu’on ne t’a appris qu’au travers des livres, tu te rends compte que la réalité que tu t’imaginais est malheureusement bien différente de la vrai que tu finis par vivre, et parfois pas de la meilleure façon qui soit…

*Charles sourit alors qu’il pu voir sa fille, balançait un homme qu’elle tenait au dessus de sa tête comme si de rien n’était sur les autres debout les uns à côté des autres comme un jeu de quilles qui s’éparpilla quand leur acolyte leur tomba dessus, provoquant le fou rire de Razell qui s’éloigna, une main sur la bouche.*

- Laisse-la donc faire. Après tout ce n’est qu’un essai. A sa façon même si elle ne parait pas être des plus meilleures, elle a besoin de se faire une place. Et plus encore elle a besoin de leur respect. Non pas parce qu’elle est une femme. Mais que tout comme eux, elle défend des valeurs auquel elle croit de tout son cœur.

*Se tournant vers Léon tout en s’approchant de lui pour finir par lui poser une main sur l’épaule, Charles eut un immense sourire.*

- Laisse-lui du temps et bientôt elle comprendra. Elle saura mettra sa fougue de côté pour un peu plus de maturité et de retenue. L’expérience et du temps Léon. C’est ce qui lui faut avant tout et crois moi que des années plus tard, elle se souviendra de ces moments. Avec le sourire.